Par une fraîche après-midi d’automne, j’étais au parc avec mes filles et mon conjoint, et nous discutions avec l’unique autre parent courageux (ou fou !) bravant le froid, maman d’un petit garçon de 3 ans et demi.
J’eus alors, au détour de la conversation, une envie furieuse de lui baiser les pieds et de la couvrir de toute ma reconnaissance quand elle me dit sur le ton de la confidence :
« L’aspirateur, c’est presque tous les jours. Mais la serpillère, ben, j’avoue, c’est quand ça commence à coller… ».
Elle avait osé me le dire, à moi, qu’elle connaissait à peine…
…qu’elle n’était pas une grande maniaque, que parfois elle avait la flemme, et que surtout, le ménage n’était pas sa priorité, et qu’elle préférait dédier du temps à son p’tit bonhomme que d’astiquer les sols…
Alors, dans la plus grande complicité, je lui avouais également, soulagée et très compréhensive :
« Chez nous aussi, c’est quand il commence à y avoir pas mal de traces, peut-être tous les 15 jours ».
Oui, chez nous, c’est quand on a le temps.
Parce que le planning boulot-enfants-courses-cuisine la semaine, et les loisirs le week-end, c’est déjà pas mal en termes d’organisation. Alors s’assurer qu’il n’y ait personne dans nos pattes pour une heure ou deux et soulever tout objet qui traîne sur le sol afin de passer la serpillère…
C’est pas la priorité.
Surtout pas pendant la sacro-sainte sieste des filles du samedi et du dimanche, qui bientôt ne sera plus, ne nous leurrons pas. Plutôt m’affaler sur mon canapé, avec ma tisane et mon plaid, et profiter du calme de la sieste des filles pour piquer un somme… Programme bien plus alléchant que de faire les vitres, tu en conviendras !
Et jusque là, il faut avouer que j’étais plutôt honteuse de cet état de fait, quand la maniaquerie a l’air, au XXIe siècle, de faire encore partie des attributs indiscutables qualifiant une « bonne maman ».
Aussi, quand cette maman au parc m’avoua elle-même sans détour qu’elle était un peu comme moi, ce fût une libération incroyable : oui, ça n’était pas la priorité, et surtout, ça n’était pas grave. L’image des petits cochons se roulant — ou plutôt se vautrant — dans la boue, s’envolait bien vite loin de moi à mesure qu’un sourire s’épanouissait sur mon visage. Et les t-shirts pas repassés avec.
Le constat est là :
Parce qu’on n’ose pas se montrer sous un moins bon jour, pas optimal, pas parfait, on s’éloigne d’un partage authentique et de relations apaisantes avec soi-même et avec les autres. En mentant aux autres, on finit par se mentir un peu à soi-même… Et ce n’est ni très sain ni très serein ! Parce qu’être parfaite, à l’instar de sa maison, ça ne relève pas du défi absolu, non, ça relève de l’im-po-ssi-ble.
Alors…
- À toutes celles qui font le ménage avant que les invités n’arrivent, et qui leur disent, faussement « Ne faites pas attention au désordre » ;
- À toutes celles qui paniquent quand quelqu’un s’invite à l’improviste parce que c’est hyper cracra, et que justement le sol colle ;
- À toutes celles qui ne font pas tremper leur linge à la moindre tâche, et qui constatent une fois lavé, que les tâches sont incrustées, et que « Zut c’est foutu, mais bon, tant pis »…
- Et puis à toutes les autres, qui aspirent la moindre miette, qui détectent la moindre tâche et la font disparaitre, satisfaites, qui traquent la moindre trace de main sur les vitres, et qui ont un radar à poussière…
C’est bien comme ça, et rien n’est grave !
Mais, au nom de la sainte pagaille et de la propreté, aimons-nous les unes les autres ! Et ce, dans le joyeux bordel de nos petits cochons 😉