Les mots en or - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Les mots en or

mains qui tiennent une paquerette
Rebecca Dernelle-Fischer 18 septembre 2023
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La gentillesse commence tout simplement, 

Dans un sourire, dans un regard, 

Cachée au creux des mots en or. 

Les mots en or que nous portons et partageons au gré des jours, 

Ces mots qui vivent d’être dits vraiment, 

Lestés du poids de leur valeur : un vrai merci, un vrai pardon, un « peux-tu m’aider ? » qui sonne juste. 

Des mots non-capitalistes, des mots gratuits, des mots légers, 

Qui portent en eux toute l’essence de notre vie, 

Le signe de notre humanité, l’importance des moments partagés. 

Mais à quoi bon les dire au fond ? À quoi bon oser les mots en or ? 

Ils sont usés, délavés, démodés… 

Tous ces mots qu’on peine à dire, qu’on oublie et qui pourtant sont tellement bons à entendre. 

Alexa, Siri et « ok Google » répondent sans broncher à nos ordres et nos demandes : « Fais-ci, fais-ça, répond-moi… » 

Communication ciblée, formules directes, pas besoin d’enjoliver nos injonctions.  

Alors à quoi bon ? À quoi bon user de politesse ? 

À quoi bon sonner vieux jeu ?

À quoi bon encadrer nos demandes, nos questions et nos phrases de jolis mots en or qui se perdent ? 

— Bonjour Madame, 

— Bonjour Monsieur, 

— Bien le merci, 

— Passez une bonne journée !

Un regard, un mot gratuit, 

Poser le regard dans celui de l’autre, 

Voir la caissière, la voir vraiment et lui sourire ! 

L’humanité qui passe, la vivre, ne fut-ce qu’un instant, se souvenir qu’on en fait tous partie. 

Et parsemer nos vies sans nous lasser de petits mots en or. 

Pourquoi ? Pourquoi oser cette pause ringarde quand tout doit aller vite, efficacité chronométrée dans chaque aspect de nos journées ?

Parce que tout l’or du monde se cache dans les plus petits mots, dans les plus petits gestes, dans ce qui est répété souvent, dans ce regard qui reconnaît que celui qui est en face de moi n’est ni Siri, ni Alexa. Mais mon semblable. 

Tout un trésor émerge de cette évidence : celui-là même qui est si différent de moi m’est pourtant tellement semblable… Je veux le rencontrer avec gentillesse, avec des mots d’or, avec politesse, je veux permettre un aller-retour bienveillant. 

C’est au fond, la trame dorée du blog des Fabuleuses au foyer :

reconnaître que l’autre n’a pas besoin de ma version bulldozer, mais bien de mon côté humain, authentique, gentil,… d’autres mamans, lentes à juger, loin des injonctions et des critiques, des mamans prêtent à faire un petit signe de la tête et à dire « moi aussi ». 

Et cette trame dorée, je veux tant que mes enfants en héritent, s’en imprègnent, soient tellement habitués à mes « au revoir et bonne journée » tonitruant à la fin des courses qu’ils fassent de même, qu’ils ne soient pas gênés de dire « merci », qu’ils osent les « pardon » et plus encore : qu’ils ne soit jamais à court d’un « s’il te plaît, j’ai besoin de ton aide ». 

Parce que les mots en or vivent d’être dits haut et fort.

C’est en les prononçant qu’ils survivent, c’est en les vivant qu’ils perdurent, c’est en les partageant qu’ils nous rendent riches. Oui, riches ! Riches de liens humains qui nous rassurent, nous encouragent. C’est cette petite voix qui nous murmure « tu n’es pas seule contre tous : on est tous là, on rame ensemble ». C’est un regard, un mot et tout le courage qu’ils portent en eux. 

Réintroduire consciemment les mots en or dans nos conversations, dans nos maisons, dans nos messages, même les plus courts, c’est remettre de l’eau à un moulin, c’est faire tourner un engrenage, qui fera tourner le prochain, une réaction en chaîne dont nous pouvons deviner la portée. 

Osons les mots en or, la gentillesse, ils ne sont pas signes de faiblesse, ils sont les atouts et les forces d’une humanité vécue pleinement, partagée, enrichie d’une force qui nous fait du bien à tous. 

Un jour, nos enfants utiliseront tout naturellement ces mots en or.

Ils les chériront eux aussi. Vos cœurs se soulèveront de joie à l’écoute de leurs anecdotes, comme le mien lorsque ma fille m’a raconté : « maman, j’ai décalqué sur ma copine. Au départ, elle ne comprenait pas pourquoi je disais “merci et au revoir » aux caissières. Personne ne fait ça dans sa famille, alors elle riait de moi à chaque fois mais maintenant, elle ne peut plus s’en empêcher, elle le fait aussi et c’est sa famille qui s’en étonne ». Avoir décalqué sur quelqu’un, avoir transmis le virus des mots en or, quelle source de fierté et de joie chez ma fille ! 

Cette roue qui tourne, ces engrenages qui s’enclenchent, c’est ce que je nous souhaite.

Comme dans ce petit bijou d’histoire que mon aînée m’a rapporté un jour au retour de l’école : 

— À la sortie du bus, un garçon d’école primaire a été super mignon. Il est descendu du bus puis il s’est retourné et a crié « bonne journée et merci » au chauffeur. 

Je m’exclame :

— Comme c’est gentil ! 

Naturellement, elle me répond : 

— Oui, c’est ce que je lui ai dit aussi.

— Tu lui as dit ? 

Ma fille me regarde comme si j’arrivais tout droit de la lune.

— Ben oui, j’ai dit au petit garçon que c’était super gentil qu’il ait dit merci et bonne journée au chauffeur.

J’en avais les larmes aux yeux. J’ai posé un gros bisous sur le front de mon ado et je lui ai murmuré :  

— Merci, ma grande chérie, merci de lui avoir dit, c’est tellement bien… 

Ce jour-là, j’ai compris que la roue tournerait encore longtemps et qu’aucun des mots en or que j’avais dit dans mon foyer, sur mes chemins, dans mes journées débordées n’étaient perdus. Non, aucun d’eux ne m’affaiblissaient ni ne m’appauvrissaient, mais bien au contraire, que chacun de ces « merci, pardon, bravo, bonjour » nous rendaient tous fabuleusement riches et heureux. 



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Cet article a été écrit par :
Rebecca Dernelle-Fischer

Psychologue d’origine belge, Rebecca Dernelle-Fischer est installée en Allemagne avec son mari et ses trois filles. Après avoir accompagné de nombreuses personnes handicapées, Rebecca est aujourd’hui la maman adoptive de Pia, une petite fille porteuse de trisomie 21.
https://dernelle-fischer.de/

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