Cet été, Micheline a décidé de tenir un journal, parce qu’elle a lu quelque part que c’est bon pour la santé mentale, que ça permet de s’exercer à la gratitude comme le conseillent les Fabuleuses, et puis surtout parce qu’elle a trouvé ce magnifique petit carnet à fleurs chez le libraire du coin et qu’il lui fallait une excuse pour l’acheter. Finalement elle trouve ce petit exercice très distrayant et tous les soirs, elle griffonne passionnément avec son beau stylo plume tout neuf (bah oui, elle n’allait pas écrire dans son somptueux carnet avec un Bic mâchouillé. C’est important, le matériel !).
En exclusivité pour toi, voici les meilleurs extraits.
16 juillet
Cher Journal,
Ça y est, nous sommes arrivés à Bordeaux pour la grande surprise que j’ai préparée à Jean-Claude ! On part en camping-car pendant une semaine faire une boucle dans le Sud-Ouest ! Mon Claudio en rêve depuis longtemps, de ces vacances en camping-car et après cette année compliquée au boulot pour lui, il a bien mérité cette petite folie. Personnellement je ne suis pas fan du concept de la promiscuité forcée et des vacances itinérantes, mais j’ai bien fait de prendre sur moi : les étoiles dans les yeux de Jean-Claude valent bien ce petit sacrifice à mon confort ! Les enfants n’étaient pas en reste, ils bondissent de joie (j’espère que le véhicule est solide, parce qu’ils sont TRÈS en forme…) Nous partons direction BAYONNE !
17 juillet
Cher Journal,
Pour l’instant c’est le pied : tout le monde est de bonne humeur, pas trop de bouchons sur la route. Hier soir : pique-nique coucher de soleil sur l’océan, moment magique et suspendu, Frédégonde était un peu déçue de ne pas avoir vu le fameux rayon vert, mais nous aurons une autre chance ce soir… Si les enfants tiennent jusque-là, parce que cet après-midi, nous avons pris un cours de surf en famille. J’ai adoré ! Mon nouveau projet : devenir égérie Quiksilver © ! Le prof s’appelle Bixente (évidemment que je l’ai choisi à cause de son prénom, même si le fait d’associer ce prénom à un joueur canon de la coupe du monde 98 fait officiellement de moi une vieille) et je le trouve d’autant plus merveilleux qu’il a dit que j’étais très douée… Les enfants m’ont épatée : Dagobert a tenu longtemps debout, Gudule n’a pas pleuré et Frédégonde est emballée aussi. Leur père en revanche a déclaré forfait assez rapidement, il a mangé beaucoup de sable en tombant dans les rouleaux, puis s’est pris sa planche dans le nez. Il est un peu ronchon ce soir, mais ce n’est pas grave, il est beau avec sa tête de boxeur et son coup de soleil. C’est les vacances, je l’aime.
18 juillet, 9h
Cher Journal,
Je déteste Jean-Claude. Il a ronflé TOUTE la nuit. Il a sans doute le nez cassé, on va devoir faire un détour par les urgences, en plus il me dit qu’il a trop mal pour conduire, et moi je ne me sens pas très à l’aise avec cette grosse machine en ville. On devait visiter Bayonne, j’ai l’impression que ça attendra.
11h
C’est très solide un camping-car ! Je commence à l’avoir bien en main. J’ai même réussi à me garer (en tamponnant un peu les voitures garées à côté, mais on ne voit presque rien). Espérons que les enfants ne me balancent auprès de leur père, j’ai acheté leur silence avec des bonbons…
Jean-Claude a bien le nez cassé, les médecins lui ont donné des médicaments pour la douleur qui l’assomment un peu. Je suis donc la seule conductrice pour les jours à venir… Au moins, on ne se perdra pas !
19 Juillet
Cher Journal,
On s’est perdus 3 fois, on a failli verser dans un ravin une dizaine de fois, on s’est hurlé dessus encore plus de fois, mais nous sommes bien arrivés à Pau et tout le monde est vivant ! De justesse, ceci dit, parce qu’hier nous avons pris le petit train de la Rhune. C’est une charmante petite excursion dans un vieux train ouvert qui nous emporte sur le sommet de la montagne (la Rhune, donc). La vue est à couper le souffle (oui, parce qu’on est plus en Bretagne hein, ici il fait beau) et la montée est superbe aussi. C’est la descente que j’ai moins aimée, parce que Dagobert s’est mis en tête de faire comme les cowboys et de profiter d’un virage pour sauter du train. Pour rigoler, quoi. D’abord j’ai eu la peur de ma vie. Puis quand on a arrêté le train pour récupérer cet imbécile (pardon, cher journal, mais vraiment, il est aussi bête que ma belle-mère, cet enfant) j’ai eu la honte de ma vie. Je n’ai jamais été aussi rouge (sauf peut-être pour mon exposé en CM2 quand je me suis rendu compte à la fin que ma jupe était coincée dans mon collant et que c’est pour ça que tout le monde riait).
Enfin bref, Pau a l’air vraiment d’être une chouette petite ville, nous allons visiter le château et faire le plein de culture, je me réjouis d’avance !
20 Juillet
Cher Journal,
Le plein de culture s’est transformé en glaces dans le parc parce que les enfants étaient odieux pendant la visite. Puis il a plu à verse, pendant tout l’après-midi. Je me disais aussi que c’est très vert, comme région… Le crachin breton me manquerait presque, tiens ! Pour ne pas que nous restions enfermés toute la journée, j’ai imposé une visite des grottes de Bétharam, c’est absolument sublime. Deux bémols : c’est vraiment grand et on a perdu Gudule pendant 10 minutes (demain j’achète un harnais pour elle et son frère et je les attache pour la prochaine visite). Et puis j’avais oublié que Jean-Claude était claustrophobe. Il a fait un malaise à mi-parcours. Dommage, il a raté le plus beau.
Ce soir nous arrivons à Montségur, le dernier château cathare, j’ai préparé un petit cours d’histoire pour tout le monde, ils vont adorer !
21 juillet
Cher Journal,
Ma famille ne me mérite pas : ils n’ont pas aimé mon cours d’histoire. Pourtant j’avais préparé un petit PowerPoint et tout, mais Frédégonde a soupiré tout le long en levant les yeux au ciel et elle a fini par me demander si mon « truc de ringarde » était bientôt fini. Elle est bien sûr privée d’écrans jusqu’à la fin de ses jours. (Ou au moins jusqu’à la fin du séjour). Jean-Claude a pris les choses en main, il est allé acheter un déguisement de chevalier cathare pour Dagobert et des épées pour tout le monde puis il a ordonné une reconstitution historique à base de castagne. Les enfants ont adoré, ils ont joué pendant une heure. J’étais morte de jalousie, mais je me suis consolée quand Gudule a frappé sur le nez de son père et qu’il s’est remis à saigner. Je sais, c’est mal (mais je l’ai soigné quand même, hein).
Sinon, il a plu toute la nuit, impossible de dormir avec le bruit de l’eau qui tambourine sur le toit. Impossible aussi de remettre la main sur mon portefeuille dans le bazar ambiant, il y a des affaires partout et des placards bourrés dans tous les coins. Ce matin : rangement !
Impossible aussi d’avoir un moment d’intimité avec Jean-Claude. Je commence à ressentir doucement (mais sûrement) les inconvénients de la promiscuité.
22 Juillet
Cher Journal,
Je suis à bout et je ne suis pas la seule. Le camping-car aussi en a eu ras le bol des disputes et des hurlements alors il est tombé en panne sur l’autoroute. Je pense qu’on ne verra pas Toulouse. Dommage, j’avais préparé un super PowerPoint pour présenter la Ville Rose aux enfants.
23 Juillet
Cher Journal,
Nous avons été dépannés et ramenés à Bordeaux. Le moteur a lâché (ce n’était pas de notre faute) la compagnie de location a été adorable (ils n’ont pas vu les légères rayures que j’ai faites en me garant) et ils nous ont offert une nuit dans un vignoble pour nous dédommager. Enfin une vraie chambre pour nous, Jean-Claude et moi étions fous de joie, mais on a un peu trop profité de la dégustation de vin pour profiter de notre intimité retrouvée… Au moins, on a bien dormi !
Demain départ pour la Corse !
Gratitudes de la semaine
- Le soleil
- Les photos de famille au soleil couchant
- Les rigolades
- La joie de Jean-Claude dans le camping-car
- Mes multiples victoires au Uno ©
- Mon nouveau don pour le surf
- Les étoiles dans les yeux des enfants à chaque virage
- Le vin de Bordeaux
