Et si on arrêtait de vouloir être parfaite ?
Spoiler alert : je ne suis pas Wonderwoman.
Mais j’ai longtemps fait comme si. Comme si je pouvais être à la fois une maman disponible, une épouse attentive, une collègue impliquée, une fille présente, une hôtesse organisée, une amie bienveillante… et tout ça, avec une jolie manucure et des tenues bien repassées.
Et pourtant, malgré mes efforts pour tout faire “comme il faut”, une fatigue insidieuse s’est installée.
Une pression permanente. Un fond de culpabilité de ne jamais être ou faire assez.
Conséquence : une frustration sourde grandissait en moi jusqu’au moment où BOUM, la colère explosait. Et hop, me voilà repartie pour un tour de « je culpabilise, je fais des efforts, je fatigue, la colère monte, boum ! Je culpabilise, je fais des efforts… » Bref, t’as compris la chanson.
Alors, chère Fabuleuse, comment suis-je sortie de ce cycle infernal ?
Le piège de la perfection
L’époque permet aux femmes de jongler avec plusieurs casquettes. Donc, forcément, ça demande, au quotidien, une certaine capacité d’adaptation.
Jusqu’ici, tout va bien.
En revanche, les difficultés commencent si je maintiens un niveau d’exigence très élevé dans chacun de mes rôles : à la maison, au boulot, avec les amis… comme si le bonnet d’âne m’attendait au moindre faux pas. Pluie d’injonctions, crainte du jugement irrévocable… tout me poussait à viser la perfection et à me suradapter en permanence.
J’avais constamment l’impression de ramer à contre-courant pour entrer dans le moule de “la nana qui gère grave”.
C’est épuisant.
Avec le recul, je me rends compte que cette quête de perfection, associée à ma volonté de tout gérer “parfaitement”, était inatteignable. Et en plus, elle m’éloignait de qui je suis vraiment (joyeuse, aimante et, je l’avoue, un brin têtue !). Accessoirement, elle avait aussi le potentiel de gâcher mes relations.
Soyons honnêtes : m’échiner (et crier) tous les matins parce que mon fils veut garder son pull sale de la veille (plutôt que de satisfaire les velléités de sa mère à l’envoyer tout beau, tout propre à l’école) ne rend personne plus heureux. Ni moi, ni lui.
La quête de performance comme armure
Derrière cette volonté de tout gérer, je me suis aussi rendu compte, avec le temps, qu’il y avait autre chose : un besoin de reconnaissance. D’être appréciée et admirée pour ma compétence, mon efficacité : « Wow, t’as vu comme Pauline arrive à tout mener de front ! »
Dans ce monde qui vénère la rapidité, l’optimisation et l’hyper-performance, quelle belle image de moi je devais pouvoir renvoyer !
Mais… à quel prix ?
Le vrai déclic : quand j’ai compris ce qui se jouait derrière mon syndrome de Wonderwoman
Ces dernières années, j’ai changé énormément de choses dans ma vie. La maternité et ma prise de conscience écologique ont été un électrochoc : je veux faire les choses autrement. Pendant 5 ans, ma famille a été au cœur de cette transition.
Mes actions étaient guidées au quotidien par les questions suivantes :
Que puis-je faire pour leur faciliter la vie ? Que puis-je leur transmettre pour les préparer au monde qui les attend ? Comment puis-je leur éviter les blessures d’enfance qui m’ont tant marquée ?
Et puis un jour, alors que je rentrais dans la cuisine pour préparer le dîner, la (petite) frustration de mon aîné s’est transformée en (énième) crise, rejoint par son frère dans la foulée. Et là, c’était la goutte de trop : j’ai lâché.
Je me suis sentie abdiquer :
- Ce rôle de mère qui tente de tout contrôler.
- La culpabilité de ne jamais être à la hauteur.
- L’effort constant pour tout sécuriser : leurs émotions, leur bien-être, leurs apprentissages… et même leurs tiroirs à vêtements propres.
Je voulais leur offrir une vie douce, protégée. Mais ce soir-là, j’ai vraiment compris : ce n’est ni possible, ni souhaitable.
Car si je surprotège Maxime et Clément, comment apprendront-ils à gérer la vie réelle, avec ses hauts et ses bas ? Qui me dit que mes efforts produiront les effets que j’espère ?
La vérité, c’est que je ne contrôle pas grand-chose. Quoique je dise ou fasse, il y aura des avantages et des inconvénients.
Mes enfants sont des êtres à part entière, en lien avec des personnes, des contextes, des expériences sur lesquelles je n’ai aucun pouvoir.
Ce que je peux faire, en revanche, c’est les aimer du mieux que je peux. Être là, avec mes qualités et mes imperfections, les jours où ils en ont besoin.
Une part de moi le savait déjà. Mais en prendre réellement conscience a tout changé.
Accepter de ne pas tout contrôler, c’est ouvrir un espace de liberté
Depuis ce jour-là, j’apprends à faire de la place à l’imperfection. À lâcher les rênes. À faire confiance. Aux autres. À mes enfants. À moi-même.
Et tu sais quoi ? Ce n’est pas le chaos, c’est un soulagement. En relâchant le contrôle, je retrouve de la connexion et une forme de sincérité que j’avais oubliée.
La vie ne devient pas plus simple, mais elle devient plus vivante. Les repas ratés peuvent devenir de grands souvenirs. Les moments imparfaits sont souvent les plus vrais.
Focaliser sur ce que je fais déjà de bien
J’ai aussi commencé à changer de regard sur moi-même. Au lieu de scruter ce que je n’ai pas fait, je m’efforce de voir ce que j’ai déjà bien fait. Même si c’est imparfait. Même si ça passe inaperçu.
Et surtout : j’apprends à écouter ce que mes proches me disent. Ce regard qu’ils portent sur moi, souvent bien plus doux que le mien.
Ça m’aide à gagner en confiance, à moins lutter. Et pour mes proches, c’est bien plus agréable de retrouver une femme présente, vivante… et pétillante.
Et si je choisissais l’humanité plutôt que la perfection ?
Bref, le vrai courage, ce n’est pas de tout porter sans jamais flancher. C’est d’oser être humaine. Tendre. Fatiguée. Aimante. Incomplète.
C’est se montrer à ses enfants telle qu’on est, pour qu’eux aussi s’autorisent à être pleinement eux-mêmes — imparfaits et lumineux.
Et puis, entre nous, même Wonderwoman a sûrement un placard en bordel quelque part… Soyons donc Fabuleusement imparfaites ! 😉
