À toutes les mamans qui ne feront rien aujourd’hui. L’année dernière, j’avais un rythme effréné. Ma semaine était partagée entre activité professionnelle passionnante où je me donnais à fond et activité personnelle (entendez femme, mère, fille, sœur, amie…) tout aussi passionnante où je me donnais à fond, le tout, avec des horaires denses.
J’avais trouvé mon équilibre dans ce galop hebdomadaire.
Depuis cet été, mon rythme a changé. Nous avons déménagé et je n’ai pas mis en carton mon cabinet, mes patients, ma soif de transmettre et de reconnaissance. J’ai choisi de partir légère, sans bagage, de ralentir le rythme : profiter du changement pour marcher au pas.
Ainsi, je suis à la maison au quotidien, fabuleuse 100% au foyer avec une mini-Fabuleuse de 19 mois dans les pattes ou dans les bras selon les heures, deux supers petits gars scolarisés dynamiques et joyeux et un fabuleux mari en télétravail… ou en ce moment au bureau.
J’avais mille projets.
Vous savez… Un peu comme quand on va être en congé maternité : « Oh trop bien, je pourrai profiter de ce temps pour :
- me reposer,
- me mettre à la couture (je ne parle pas de repriser les genoux des pantalons, collants ni les cols de pyjama de poupée… elle aussi s’y met ! ),
- trier mes photos, les mettre en album,
- développer mes talents,
- passer du temps de qualité avec ma famille et mes amis, écrire des lettres, téléphoner, accueillir et visiter ces êtres chers… »
Trois congés maternité plus tard, je n’ai pas dépassé la première ligne (ce qui est déjà pas mal ! ).
Au foyer, c’est pareil … en pire !
Que de sources de frustration ! Combien de soirs n’ai-je pas dit en soupirant :
« Je n’ai rien fait aujourd’hui » ?
Il y a parfois aussi cette question d’un mari maladroit face à une table non dressée, un frigo vide ou une montagne de linges sales ou non pliés : « Mais qu’as-tu fait aujourd’hui ? »
« Tu n’avais que ça à faire ! », rajouteront les plus culpabilisants … ou ma petite voix saboteuse.
Alors, qu’ai-je fait aujourd’hui ?
6h25 : Le réveil de mon Fabuleux sonne. Je suis trop fatiguée. Je n’ai effectivement rien fait, à part un petit bonjour et refermé les yeux.
7h00 : Le Fabuleux est parti. Le réveil qui sonne, c’est le mien. Cette fois, plus de choix. Il faut bouger. Les trois enfants devront être prêts pour 8h20 … et moi aussi.
Cela me fait penser à un sketch de Florence Foresti : « Mais on fait comment ? On se couche pas ? On se lève à 5h30 ? Non, parce que, moi, je te l’dis : à 8h30, entre ma fille et moi, y en a une des 2 qui est dégueulasse … C’est moi ! »
Je vous épargne les détails des préparatifs et l’accumulation de miracles qui permettent à chacun d’être prêt.
8h22 : « Et zut, faut gratter la voiture. Les enfants, vous vous attachez ! ». Merci le chauffage qui m’aide à faire cela en un temps record.
8h40 : Les garçons sont à l’école. Et si je prenais le temps d’une visite surprise à mes parents avec ma puce ? Ce sera sympa. Ce sera court. J’ai plein de choses à faire à la maison.
Après un trajet de 30 minutes, je papote avec Papa puis Maman, joie de discussions profondes et paisibles.
11h40 : « Ah oui, quand même ! »
Revenue à la maison, je vais pouvoir m’y mettre.
« Ah, 32 notifications WhatsApp » : je regarde vite et je m’y mets. Je répare 3 fois la roue de la poussette de ma fille tout en me mettant à jour dans mes conversations.
13h : Ma fille est adorable maintenant qu’elle joue seule (entendez, vide les placards sans me solliciter) mais il est temps de m’occuper du déjeuner. Heureusement, les garçons mangent à l’école aujourd’hui.
La demoiselle est mise en sieste. « Je vais pouvoir souffler un peu ».
Je regarde seulement 3 mails de la cinquantaine de retard. J’envoie tel document promis.
15h50 : Euh, ma sieste sera courte … car je suis attendue à 16h20 à l’école. Je ferme les yeux 5 minutes, prépare la demoiselle qui appelle depuis son lit, et zou, à l’école.
16h35 : Les enfants jouent devant l’école tandis que je les cherche régulièrement des yeux en papotant avec une maman.
Nous rentrons à la maison.
Goûter, devoir, gestion des émotions des uns et des autres, comme je peux, avec mes limites aussi : je pars en feu d’artifice. Même niveau sonore mais c’est beaucoup moins joli à voir.
La pression est retombée, le pardon est accordé, la paix revenue.
Place à un temps de convivialité avec une bataille de gourdes de compote vides pour la joie de tous. Comme quoi, les explosions permettent parfois l’éclosion de jolis moments !
18h15 : les devoirs sont finis. Alors maintenant, je fais quoi pour le dîner ? Et me voilà aux fourneaux puis je recolle 3 jeux en bois pour la énième fois.
19h : Mon mari rentre « déjà ! »… Alors que je n’ai rien fait aujourd’hui !
Effectivement, je n’ai pas fait de lessive, plié de linge, fait de courses, ni même la sieste … et il me reste plein de choses sur ma liste. J’avais plein de projets, peut-être une to-do-list, pas si douce que ça.
J’ai accepté de m’adapter à la vie, d’accueillir les imprévus de cette journée (qui n’étaient pas tous désagréables !)
Je pourrais cocher une grande liste de « je n’ai pas » mais je choisis de regarder avec gratitude cette journée et d’être fière de ce que j’ai accompli.
Aujourd’hui,
- j’ai fait une chose à la fois,
- j’ai offert ma présence,
- j’ai reçu mille sourires de ma fille,
- j’ai observé les garçons s’épanouir,
- j’ai avancé d’un petit pas,
- j’ai rendu service dans ces gestes quotidiens simples,
- j’ai traversé mes émotions et la joie a triomphé,
- j’ai savouré le quotidien entre douceurs et épices,
- j’ai été,
- j’ai aimé.
Alors, à toi aussi, qui ne feras rien aujourd’hui, je te souhaite d’accueillir, de savourer, d’être et d’aimer !
Ce texte nous a été transmis par une Fabuleuse maman, Marie.