Je t’écris à genoux sur ma chaise de bureau, les pieds repliés sous les fesses. Je sais, je vais le regretter dans 5 minutes, quand j’aurai des fourmis dans les jambes. Mon mari rouspète quand je m’assois comme ça, mais c’est plus fort que moi… cette position me donne une drôle d’énergie : comme si, en me penchant vers mon clavier, je me sentais plus proche de toi.
Me voilà donc à genoux sur ma chaise de bureau, à chercher les mots.
Les mots qui te sauteront aux yeux, les mots qui te feront sentir moins seule, les mots qui t’aideront à sortir de ton lit.
Parfois, ils émergent sans prévenir, comme les pâquerettes au printemps. Mais souvent, ils mettent du temps à remonter à la surface, comme les petits pois dans l’eau bouillante. Dans ces moments-là, j’ai peur de ne pas savoir les débusquer, peur qu’ils ne soient pas suffisamment ajustés.
Quand je suis penchée sur le prochain e-mail à t’envoyer, il m’arrive régulièrement d’être complètement à sec, parce que c’est mon propre cœur qui a besoin de mots qui soulagent.
Ces jours-là, quand je t’écris à toi, je m’écris en réalité à moi-même, dans un effort d’autocompassion.
Et je me dis que si les mots choisis peuvent faire écho chez au moins l’une des Fabuleuses qui me lit, alors ma journée n’aura pas été perdue.
Et puis, il y a des jours où les mots ne suffisent pas.
C’était le cas ce matin, dans le couloir de l’école maternelle, quand j’ai croisé les yeux rouges de fatigue et explosés de tristesse de mon amie qui ne sait pas combien de temps elle pourra continuer d’élever ses filles. Face à certaines maladies, à certaines tragédies, il n’y a juste rien à dire. Alors j’ai ouvert grand mes bras et je l’ai juste serrée très fort, cette maman, en espérant qu’au contact de ma joue, elle puisse savoir que je l’aime et que je pleure avec elle.
Peut-être les mots ne peuvent-ils plus rien pour toi non plus, chère Fabuleuse.
Si c’est le cas, je prie qu’au-delà des phrases, un parfum de consolation émane de ce texte et se répande dans la pièce où tu es assise — comme un gros câlin pour ton âme, une assurance, même fugace, que tout finira par bien aller.
Tout à l’heure, j’ai lu dans la Bible quelques mots qui instantanément, ont capté mon attention :
“Toi qui savais fortifier les bras trop fatigués, toi qui trouvais les mots pour remettre debout ceux qui n’en pouvaient plus, et relever ceux qui pliaient sous le fardeau.” (Livre de Job, chapitre 4)
Le voilà, l’appel qui résonne dans mon cœur depuis plus de 11 ans, et je l’espère pour encore longtemps :
trouver les mots pour remettre debout les mamans qui n’en peuvent plus.
Parfois, je suis suffisamment reposée et inspirée pour le faire naturellement. Parfois, je perds ma fraîcheur, parce que mon esprit est trop occupé par le casse-tête de faire tourner un Village de 3.000 mamans, et simultanément, une famille avec 4 enfants. Mais ce qui est certain, c’est que tant que le téléphone sonnera, je décrocherai le combiné et j’ouvrirai grand les oreilles de mon cœur.
Bon, il faut que j’aille me dégourdir les jambes, de peur qu’elles finissent ankylosées 😅
Je termine avec une question : le téléphone sonne-t-il aussi dans ton cœur à toi ?
Quel appel entends-tu ? Un appel à guérir de tes blessures, pour ne pas transmettre la douleur plus loin ? Un appel à devenir la mère que tu n’as jamais eue ? Un appel à raconter ton histoire ? À lancer un projet auquel personne ne croit ?
P.S. Je suis en train de lever une armée de mamans qui veulent défendre les mamans. Si mon appel fait écho au tien, écris-moi !



