Je pensais que j’étais arrivée à un certain grade en tant que maman. Quinze ans d’expérience, ça commence à compter, non ? Avec toutes les remises en question, les ajustements, les crises, les victoires… Je me disais : « C’est bon, je n’ai plus besoin des articles des Fabuleuses au foyer. » Je ne me sens plus dans le jus des premiers temps de la maternité, mon deuxième et dernier enfant a presque dix ans.
Donc, tout est ok.
Oups, j’allais dire « tout est sous contrôle »… Euh non, pas vraiment hein.
J’ai failli me désabonner plein de fois, en me disant que je n’avais plus besoin de ma dose quotidienne. Place aux jeunes, haha !
Mais non, je suis restée abonnée et je continue à recevoir un mail des Fabuleuses deux fois par semaine, annonçant un nouvel article sur le blog. Je ne l’ouvre pas toujours, mais de temps en temps, je tombe sur un titre ou un résumé qui m’interpelle. (Elles sont fortes, à la rédac.)
Ce n’est pas une addiction, ni une impossibilité de quitter un environnement connu.
Si je reste, c’est tout simplement, basiquement parce que je me rends compte que je suis et je resterai toujours une maman, fabuleuse qui plus est.
Eh oui, je sais que je suis unique, formidable, et tout et tout. D’ailleurs, je n’en doute presque plus… ou disons de moins en moins.
Mais surtout, j’ai réalisé que, quel que soit l’âge de mes enfants, il y aura toujours des défis à relever. Être maman fait partie de mon identité. Pour toujours. L’infini et au-delà. Ça a commencé le jour où mon premier enfant a été conçu, et ça ne s’arrêtera jamais.
Cela implique donc que, quoi qu’il arrive,
je ferai toujours partie de cette grande communauté de mamans.
Même si je ne m’inscris pas à tous les programmes.
Même si j’ai sorti la tête de l’eau depuis un moment.
Même si j’ai accumulé des outils, des conseils, de l’expérience.
Même si j’ai « du galon ».
Je réalise que j’aurai toujours besoin de parler avec d’autres mamans de mes réalités de maman. Que j’aurai toujours besoin de me reconnaître dans l’histoire d’une autre pour me sentir moins seule, pour me dire « ouf, ce n’est pas que moi, je ne suis pas folle… ».
Le fameux pouvoir du « moi aussi » n’a pas fini d’avoir du sens.
J’oserais même dire qu’il est un absolu.
Tout simplement parce que je suis un être humain. Et qu’en tant qu’être humain, j’aurai toujours besoin de me relier aux autres.
J’aurai toujours besoin :
- du soutien de quelqu’un à un moment ou un autre ;
- de ne pas me sentir seule sur terre à vivre tel ou tel défi ;
- mais aussi de partager mes victoires.
Ce n’est pas juste une question de traverser les galères ensemble. C’est aussi célébrer ensemble les petits succès du quotidien. Les matins où on a réussi à ne pas crier. La soirée où l’ado a dit « merci » sans qu’on lui rappelle. L’instant où on s’est dit « tiens, là, j’ai bien réagi ». Ces petites étoiles dans le ciel parfois sombre et nébulleux de la parentalité.
Et puis, j’ai besoin de donner autant que j’ai besoin de recevoir.
Cela est vrai dans toutes les saisons de la vie, mais dans celle que je traverse actuellement, le milieu de la quarantaine et son lot d’épanouissements et de flétrissures, je ressens davantage ce besoin de transmettre ce que j’ai appris, tout autant que d’être entendue, soutenue, comprise.
Être maman, c’est quand même l’un des défis les plus fous, les plus profonds, les plus transformateurs d’une vie de femme, pour ne pas dire le plus grand.
C’est un rôle qui prend une place immense dans nos vies.
C’est le domaine le plus intense, celui où l’on se remet en question tous les jours, où l’on est parfois dépassée, fatiguée, vidée, mais où l’on trouve aussi les plus grandes joies, les moments de grâce qui nous rappellent pourquoi on fait tout ce qu’on fait.
Et c’est un domaine qui nous concerne toutes.
Oui, toutes.
Que l’on ait porté un enfant dix fois ou jamais, que l’on soit maman biologique, maman de cœur, maman spirituelle, marraine, tante, grande sœur… chaque femme est une mère d’une façon ou d’une autre.
Parce que nous portons en nous cette pulsion de vie, cette capacité de donner, d’accompagner, de relever celui qui tombe, de soigner les plaies, petites ou grandes.
Nous avons en nous la force d’ouvrir nos bras, d’accueillir, de pleurer et de rire avec ceux qui pleurent et rient.
Nous sommes des femmes. Nous sommes fabuleuses.
Et nous avons besoin des autres, autant que les autres ont besoin de nous. Je dirais même : encore plus aujourd’hui, dans ce monde qui perd la tête et où les femmes n’en ont pas fini de lutter pour leurs droits. J’ai une pensée spéciale pour toutes celles dont la vie n’a pas compté comme elle l’aurait dû aux yeux d’autres.
Ce que nous pouvons faire, c’est continuer à écrire notre histoire de l’humanité, à être pleinement nous-mêmes, avec nos forces et nos faiblesses.
Continuons à construire et à réparer le monde, petit bout par petit bout.
Parce que c’est ça, être une femme.
Parce que c’est ça, être une mère.
Parce que c’est ça, être une fabuleuse maman.