Ah cette cigogne ! On l’aime, on la chérit, on la quémande, on l’attend avec impatience ! Et quand elle arrive enfin, elle nous comble de joie et de bonheur avec sa précieuse cargaison.
Et là commence la merveilleuse vie de maman.
Merveilleuse ? Oui. Même lorsque sa précieuse cargaison s’avère devenir un cauchemar ?
Vient le doute : et si la cigogne s’était trompée ?
Car l’enfant qu’elle m’a apportée est tout à fait incompatible avec moi ! Cela ne peut être qu’une erreur !
Bien sûr, je le savais : les enfants ne sont pas parfaits.
Ils font des bêtises, nous exaspèrent, nous impatientent … Mais autant que ça ? Ce n’est pas possible !!! Il y a forcément un problème.
En effet, cette petite bouille sait exactement ce que je déteste : crier au milieu de la nuit alors que pour moi la nuit est précieuse. Faire tomber la bouteille de lait le matin alors que si elle renversait le linge cela me serait égal.
Et l’ado qui m’attriste avec son ingratitude immense et douloureuse : pourquoi ne critique-t-il pas plutôt mes repas ? Je l’accepterai si facilement.
Oui oui oui, elle a certainement dû se tromper, car je voulais bien un enfant. Mais je voulais celui qui me laisse dormir, celui qui fait des bêtises bien sûr, mais pas les bêtises qui me rendent folle !!!
Puis vient la prise de recul.
Oui… Mais si… Mais si elle ne s’était pas trompée ? Si l’enfant reçu en cadeau était EXACTEMENT celui prévu pour moi ? Si en fait il était parfaitement compatible avec moi ?
Impossible dîtes-vous ? Forcément une erreur de destinataire ?
Et si ces bêtises qui me transforment en ouragan sont finalement exactement ce qui me faut ?
Hein ? Quoi ?
Et si les actions qui m’exaspèrent tant de mes enfants sont précisément ce qui me révèle et me tire vers le haut ?
Et si cette incompatibilité pouvait m’aider à être meilleure, à identifier mes faiblesses et à les combattre ?
Et si la cigogne ne se trompait finalement jamais ?
Mais attention, Progéniture de mes rêves !
Car si tu es l’enfant parfait pour moi, destiné entre autres à me rendre meilleure, l’inverse est également vrai. Toi qui me déteste parfois lorsque je te dis ce qui te déplaît, toi qui voudrais te soustraire à ce terrible mot « éducation »… N’oublie pas, chère tête blonde, que la cigogne ne se trompe jamais :