Le jour où mon amie a brisé le tabou de l’alcoolisme de son conjoint, je me suis demandé comment trouver les mots.
Je voulais trouver les mots pour l’envelopper, panser la plaie, surtout ne pas la blesser. Les mots magiques comme des bisous-guérit-tout, des mots délicats, comme la situation.
Spoiler alert : je n’ai pas trouvé les mots. Mais j’ai pris une bonne leçon.
Je vous raconte.
Il y a cinq ans, au détour d’une conversation téléphonique, mon amie lâche :
«Bon, et tu connais Eric, quand il a bu un coup…”
Alerte rouge dans mon cerveau.
C’est la première fois que mon amie mentionne le problème d’alcool de son conjoint, en vingt ans d’amitié. Je brûle de lui dire que oui, j’ai remarqué, qu’elle peut chercher et trouver de l’aide auprès de tels et tels organismes car non, on ne guérit pas seul de l’alcoolisme.
Lorsque je repense à cette conversation, je réalise qu’à trop chercher les bons mots, j’ai étouffé sa parole à elle.
Le vacarme dans ma tête pour savoir quoi lui dire a accaparé ma capacité d’écoute. J’étais tellement obnubilée par le fait de trouver les bons mots que j’ai oublié de l’écouter !
J’ai fait exactement ce que je voulais éviter ! J’ai monopolisé la conversation. Je l’ai assommée de conseils, de questions.
Et je m’en suis voulu, a posteriori.
Pourquoi je te raconte cela aujourd’hui, chère Fabuleuse ?
Mes regrets ne servent à rien… si ce n’est de leçon :
trouver les bons mots, c’est parfois, simplement, se taire.
C’est grâce aux Fabuleuses, lors des conférences données par Yolande et Philippe Schwab, que j’ai découvert le principe de l’écoute active.
Je l’ai mise en pratique avec mes fabuleuses Sisters lors d’une mémorable séance de partage collectif.
Les consignes de l’exercice étaient simples :
- Accueillir la parole de l’autre, l’écouter sincèrement.
- La laisser finir sa phrase.
- L’inviter à expliciter ses émotions. “Comment t’es-tu sentie ce jour-là ?”
- Écouter sa réaction. Vérifier qu’on a bien compris, au besoin en reformulant.
- Et quand l’autre est prête, dans un second temps, poser des questions ouvertes, pour s’assurer de libérer la parole. Les questions ouvertes sont celles auxquelles on ne peut pas répondre par “oui” ou “non”. Ce sont des questions qui encouragent l’expression libre, qui favorisent la réflexion, qui puisent dans les émotions.
Tout du long, rester à l’écoute, sans offrir de conseil non sollicité.
Ce n’était pas facile d’aller à l’encontre de mon schéma de fonctionnement.
Mais cet exercice m’a ouvert les yeux… et les oreilles !
Écouter avec le cœur est plus difficile qu’il n’y paraît.
Il est plus simple de parler et de remplir l’espace sonore que de se taire et écouter de tout son être.
Pourtant l’écoute active est précieuse.
C’est assurer l’autre de sa présence sincère. Il y a un proverbe qui dit, si tu as la bouche ouverte, c’est que tu n’écoutes pas ! Et je le crois bien volontiers. Les bons mots seront toujours ceux de celle qui se confie.
D’ailleurs, quand on est écoutée, cela renforce le lien de confiance et améliore la communication à plus long terme.
Qui n’aime pas se sentir écoutée et non jugée ?
L’écoute active est une preuve d’amour de l’autre, par la disponibilité et l’attention qu’on lui accorde.
Car oui, on a parfois juste besoin d’être écoutée, vraiment. Parce qu’au fond, on sait ce qu’on a à faire, ou vers qui se tourner. Et si on ne sait vraiment pas, un jour on posera volontairement la question.
Écouter favorise la prise de conscience authentique.
Et comme on le répète chez les Fabuleuses, le changement est une porte qui ne s’ouvre que de l’intérieur !
En écoutant l’autre, je lui montre que sa parole a de la valeur. Que sa voix mérite d’être entendue. Je lui témoigne de sa valeur à mes yeux et je renforce un peu plus notre amitié.
L’écoute active fait travailler l’empathie. Cet espace d’accueil sincère et bienveillant de l’autre, pour comprendre ses émotions et ses besoins. Et qui mieux qu’elle-même peut dire ce qu’elle ressent ?
L’écoute est le terreau d’une amitié florissante.
Des années plus tard, j’ai reparlé de cette conversation à mon amie. Elle n’avait absolument pas pris ombrage de mon manque d’écoute active, mais elle a accueilli mes excuses avec un sincère élan d’amour.
Un secret comme celui de mon amie est un cadeau de confiance. À moi de l’accueillir avec le cœur, dans l’écoute sincère.
La parole donnée dans l’amour mérite d’être reçue avec amour.
Et toi chère Fab, réussis-tu à écouter avec le cœur ?
