“Il faut un village pour élever un enfant.”
À ceux qui prônent honorablement l’expression bien-pensante mentionnée plus haut, j’ai envie de répondre que je préférerais mille fois ceci : que le village se mêle de ce qui le regarde.
Non, il ne faut pas un village pour élever un enfant…
Sauf si la voisine, au lieu de me prévenir, dix mois dans l’année, que les petits vont prendre froid sans leur bonnet, me disait au moins une fois par an qu’elle aime bien m’entendre rire avec eux, le soir quand je les mets au lit.
Sauf si les autres passagers du bus m’aidaient à descendre ma poussette plutôt que de geindre derrière moi parce que je suis si lente à sortir.
Sauf si la maîtresse pouvait me dire de temps en temps ce qu’elle aime chez mon enfant plutôt que de râler sur ses mauvaises habitudes.
Sauf si les autres mamans ne me mitraillaient pas de leurs regards noirs chaque fois que mon petit remonte encore le toboggan à l’envers.
Sauf si les générations d’avant cessaient de nous dire combien leurs enfants étaient mieux élevés et combien nos enfants sont de sacrés petits morveux-pourris-gâtés-accros-à-la-télé.
Sauf si plutôt que de me faire la morale parce que mes petits ne savent pas tenir assis dans un caddie, la dame me faisait un sourire complice comme pour dire : “Pas évident de faire les courses quand on a deux enfants de moins de trois ans !”
S’il faut un village pour élever un enfant, c’est peut-être tout simplement parce que nos rejetons ont besoin d’une maman qui se sente aimée et entourée. D’une maman qui sache où trouver de l’aide sans être jugée. D’une maman qui sache que personne ne l’épie à longueur de journée, à l’affût de ce qu’elle pourrait faire mieux.
S’il faut un village pour élever un enfant, c’est peut-être tout simplement parce que toutes les mères ont besoin d’entendre qu’au fond, elles sont à leur place et bel et bien fabuleuses.
Soyez un encouragement, le monde comporte déjà assez de critiques.
Ce texte est extrait de l’ouvrage C’est décidé, je suis fabuleuse – Petit guide de l’imperfection heureuse (Hélène Bonhomme, Première Partie, 2016)
Et si tu veux plonger à fond dans la vague, en voyant dans cette situation inédite une magnifique occasion d’apprendre, de progresser, de grandir : sache que les portes du Village sont ouvertes.