Je vis depuis plus de 15 ans à plus de 700 mètres d’altitude. Alors que je t’écris, la toute première neige de l’année tombe doucement du ciel. Les saisons rythment encore fortement les mois qui passent. Ici, on dit qu’il n’y a pas de mauvais temps, juste de mauvaises tenues. À ma grande surprise, même les ados portent des bottes bien chaudes en hiver.
Hiver, printemps, été, automne, hiver, printemps, été, automne… :
Le cycle est bien marqué, les traditions rythment le présent.
Quand je vivais encore en Belgique, c’était plutôt la pluie qui rythmait le présent, souvent, presque toute l’année d’ailleurs. J’ai appris à savourer les saisons et leurs particularités. J’ai appris à m’appuyer sur elles. Un peu comme la structure qu’a pris notre quotidien lorsque nos filles sont nées.
Dans notre famille, c’est à mon mari qu’il faut penser quand il est question de structure. Si vous cherchez le « grain de folie » un peu tête en l’air et chaotique, c’est tout mon domaine. On a besoin des deux et nos enfants aussi.
La vie de famille est un mélange constant de ces deux ingrédients : la structure et la flexibilité.
Et cela concerne non seulement notre vie de parents mais aussi notre place dans notre famille élargie. Nous sommes encore les frères et sœurs de…, les enfants de… et cette première vie de famille, avec ses propres rites et traditions, continue à rythmer nos saisons.
La question des habitudes de Noël nous le montre clairement.
Depuis fin octobre, les invitations, les questions, les propositions jaillissent et nous laissent parfois peu d’espace pour dire « je voudrais faire autrement ». Mais parlons tout d’abord de la place des rituels et habitudes dans notre petite famille à nous.
Organiser un quotidien familial avec des petits rites (comme le rituel du coucher), c’est comme donner un sommaire à l’enfant, comme lui partager le menu de la soirée. Cela lui permet d’apprendre à s’articuler dedans en sachant ce qui l’attend. C’est une borne sur nos chemins.
C’est la régularité de nos rites qui les rend sécurisants, ce sont les exceptions qui nous permettent de rester flexible.
Tu vois la dynamique ? Installer des rites et traditions familiales, c’est un peu suivre une partition commune. Oser la contredire de temps en temps, c’est tout aussi nécessaire. C’est le joyeux équilibre à garder entre rigidité et chaos.
C’est exprimer dans nos familles deux choses :
« Je te dis à quoi t’attendre, notre quotidien suit une logique que tu peux vivre toujours et encore »
« On n’est pas coincé dans ces habitudes, on grandit, tu grandis, on change et on s’adapte ».
On change, on grandit, on s’adapte.
Tout comme nos vêtements deviennent parfois trop petits, nos habitudes, traditions et rites peuvent aussi devenir « trop petits », plus à la page, mal adaptées à notre quotidien, à nos besoins, notre train de vie et nos capacités. On change l’heure du coucher, le type de livre lu, le nombre d’invités pour les anniversaires…
Certaines traditions restent et s’accrochent, elles gardent tout leur sens des décennies durant. D’autres restent mais nous coincent, on le fait par « obligation », pour répondre aux attentes des autres. Elles deviennent les « on a toujours fait comme ça », « pourquoi réparer quelque chose qui fonctionne ? », « pourquoi changer une équipe qui gagne ? ».
Oui mais non.
Ces rituels et traditions finissent par perdre tout leur cœur et ne garder que leur forme.
Pour cette période de l’Avent, je te propose justement de poser ce regard sur vos traditions familiales de Noël. Dans quoi te sens-tu coincée ? Voudrais-tu en sortir ? Et sur quelles traditions peux-tu t’appuyer parce qu’elle t’aident et aident ta famille à structurer ce temps de fête ? À quelles traditions nouvelles aimerais-tu t’attaquer ?
Pour finir, j’aimerais te distribuer quelques « autorisations ».
À toi de trouver celles dont tu as besoin et de te les permettre.
Tu as le droit de :
- Refuser de répéter une tradition dans laquelle tu te sens étouffer ;
- Dire « merci mais non merci » aux attentes des autres ;
- Ne pas « ressentir Noël » comme les autres ;
- Prioriser ton bien-être et celui de tes enfants ;
- Changer les traditions pour en essayer d’autres ;
- Ne pas crouler sous le stress ambiant ;
- Ne pas faire de gros cadeaux si tu n’en as pas les moyens ;
- Respirer au lieu de ranger ;
- Te ressembler ;
- Donner le ton, créer ta manière de vivre et de transmettre le goût des saisons ;
- Simplifier les traditions pour avoir plus d’air ;
- Te reposer…
Chère Fabuleuse,
J’espère que tu pourras naviguer durant cette période sans te perdre, sans revivre des crises inscrites sous ta peau, sans t’essouffler à essayer d’atteindre les objectifs que d’autres t’ont fixés. Je t’invite à trouver ton équilibre entre habitudes et nouveautés, sécurité et flexibilité, entre tes besoins et ceux des gens que tu aimes. Et que cette saison ne te coûte pas plus que ce que tu as à donner.