Je pense à toi, chère Fabuleuse, dont l’ado ne veut plus vivre.
À toi, très chère maman, dont l’enfant devenu grand souffre en ces mots :
Je suis au bord du précipice Mum,
Et je n’ai qu’une envie, c’est que ça s’arrête.
Un pas de plus et je suis délivrée…
Je deviens folle, tu sais,
J’ai des idées noires plein la tête,
La sensation d’étouffer et le cœur en mille morceaux.
Si l’avenir est si sombre, si les défis sont si grands,
Si la Terre souffre autant, si le monde est si fou,
Si c’est ça la vie, Mum,
Alors j’en veux pas.
C’est trop dur, je pensais pas,
Je savais pas qu’un jour je devrais porter tout ça.
J’ai trop mal, j’ai trop peur,
Je veux juste que ça cesse,
Que ma souffrance s’efface,
Et tant pis si pour ça,
Je dois m’envoler moi aussi.
J’ai pas d’avenir, j’arrive à rien,
Je sais pas qui je suis,
Je sais pas ce que je veux,
Je sais pas ce que je vaux.
C’est sûr, j’arriverai jamais
À être celle que tu veux.
J’ai échoué, j’ai tout raté.
Y a personne pour comprendre ce que je vis.
Je vois bien que tu souffres,
Et ta peine sur la mienne, c’est trop lourd à porter.
Alors peut-être que si je partais, tu serais libérée ?
J’ai plus de voix pour crier au secours,
J’ai plus de larmes pour pleurer,
J’ai perdu l’envie.
J’ai raté mon rendez-vous avec la vie.
J’espère que ces mots arriveront jusqu’à toi chère Fabuleuse.
Je voudrais que tu saches que tu n’es pas la seule à souffrir, à tenir à bout de bras ton ado désespéré.
J’aimerais que tu oses appeler à l’aide, que tu chasses d’un revers de main la culpabilité qui t’assaille et que tu t’appuies sur ta rage de vivre pour crier :
Ne saute pas, ma chérie,
Je t’en supplie,
Tu as tant de choses à vivre.
Penser au pire, ça arrive.
Cela ne fait pas de toi une folle,
Ni de moi une mauvaise mère.
Si mon bras est trop frêle,
Si ton chagrin est trop lourd,
Alors je te fais la promesse,
De trouver pour toi une main plus solide à laquelle t’accrocher.
Ne pars pas, ma chérie,
Écoute-moi je t’en prie.
Je n’attends rien de toi,
Sinon de devenir toi.
La vie t’attend,
Le monde a besoin de toi,
Tu es unique, irremplaçable,
Tu as tous les talents,
Pour construire ton avenir.
Il t’appartient et il t’attend.
Je n’espère rien d’autre que ton bonheur.
Je pleure de te voir souffrir,
J’aurais tant aimé te protéger
Et t’épargner cette douleur.
Fais un pas de côté, ma chérie,
Montre-moi tes blessures,
Que je puisse t’aider à les guérir.
Et si c’est trop douloureux pour toi,
Je trouverai celui qui saura les panser mieux que moi.
Crions, pleurons l’une et l’autre,
Osons appeler à l’aide,
Mettons chacune des mots sur notre peine,
Faisons-en de l’art et chassons le désespoir.
Que le ciel s’éclaircisse,
Que l’espoir renaisse,
Qu’un avenir se dessine,
Et que la confiance en la vie jaillisse.
Je t’aime ma chérie,
Maladroitement bien souvent,
Mais bien plus que tu ne le crois.
Je t’aime, alors prends ma main,
Ensemble, faisons ce pas de côté,
Retrouvons le chemin de la vie.
Réparons tes ailes, regonflons tes voiles,
Que tu puisses sentir à nouveau les courants de la vie en toi,
Et que tu oses t’envoler… vers l’avenir heureux qui t’attend.
Merci à la Fabuleuse maman qui a osé écrire aux Fabuleuses et nous partager sa peine. Ces quelques mots sont en premier lieu pour elle. Merci à Calogero et à Hoshi qui, avec leur titre « Ne saute pas », m’ont inspiré ce texte.